lundi 23 février 2009

J'ai testé... la rue d'Aerschot


Une longue rue sinistre et froide s'exposant vulgairement face à la Gare du Nord.
Des vitrines.
Des dizaines de vitrines sombres, éclairées par quelques faibles néons roses ou bleus.

Messieurs et... messieurs, bienvenue dans "l'eldorado du sexe" !


La rue d'Aerschot est une des rues (voire la plus) connue de Bruxelles. Triste réputation qu'elle traîne derrière ses guenilles.
Ou plutôt devrais- je dire : string, robes "pousse-au-crime", talons hauts et bas usés...

Ici on fait son marché comme on achète ses légumes : des fruits fermes, juteux, pas trop mûrs pour mieux apprécier la saveur... sauf qu'ici ce ne sont pas des aliments que l'on jauge et compare mais bien des femmes.
Des femmes de toutes ethnies, des jeunes, des moins jeunes, des belles, des moches...

Les hommes circulent, passant et repassant, seuls ou à plusieurs. Les voitures défilent lentement. On regarde les prix : y'a t-il moins cher à côté ? pour quelle "qualité" ?

Environ 40€.
C'est le prix pour "la totale".
Le prix pour prendre du plaisir avec une femme. Mais est-ce vraiment prendre du plaisir ? J'appellerais plutôt cela "défouloir" ou "endroit pour se soulager".
15 à 20min par client. Rapide, efficace (?), satisfaisant à court terme. Ici n'est pas affiché la grandeur de l'homme mais ses instincts primaires.

L'atmosphère est lourde, pesante. Les rares femmes qui passent devant les vitrines baissent les yeux. Ont elles honte de ces femmes ou pitié ? C'est malheureusement les deux seules idées qui viennent en premier à l'esprit.

Les prostituées ont le regard vide. Elles minaudent assises sur leurs petits tabourets en bois rongés par les mites. Ou fument. Probablement boivent et/ou se droguent dans l'intimité. Elles attendent, aguichent en se déhanchant légèrement, sourient aux hommes.
Ces hommes... Leurs gagne pain.
Parfois ce sont des hommes bien habillés, en costume cravate, trompant la routine de leur vie dans les bras éphémères d'une femme de joie.
Tout va très vite. On choisit. On rentre dans l'immeuble vétuste à l'hygiène certainement discutable. Un petit baiser sur la joue en souriant. Quelques vagues mots échangés ; on ne tourne pas autour du pot, on est là pour le faire. Et l'hôtesse entraîne alors le client à sa suite dans une salle aménagée pour.

On pourrait longuement polémiquer... Pourquoi sont elles là ? Sont elles toutes des émigrées ? Comment vivent elle ? Peuvent elles vraiment arrêter ? Que font elles lorsqu'elles ne travaillent pas ?
L'histoire des prostituées... Fantasme et "tabou" de tout temps, qui ont inspirées de nombreux cinéastes et romanciers, chacun y allant de sa propre vision ou vécu.

Il n'y a pas de raison de s'interroger sur le bien fondé (ou non) de leur profession, il y en a. C'est tout.
Elles permettent aux plus impétueux des hommes solitaires (ça c'est encore une autre question) de faire ce qu'ils ont à faire, évitant peut-être ainsi des cas de viol.

La commune ferme les yeux, le sexe est toléré ici à l'inverse de la France qui réprimande vivement les cas de racolage et de maisons closes.
"Gouvernement" (entre guillemets) laxiste ? Popularité des lieux ? Hyper modernisation ?
Nos chers voisins en tireraient ils profit ? La réponse est sûrement : oui, un peu de tout cela.

Je sais juste que ces femmes, ça pourrait être ma petite soeur, ma meilleure amie, moi. Et c'est le coeur serré que je retourne alors vers mon doux univers immaculée de paillettes, abandonnant derrière moi, la triste réalité...

3 commentaires:

Dani a dit…

Rhooo quelle plume !

Anonyme a dit…

tu devrai faire journaliste t'as du talent :D bravo

Unknown a dit…

Bonsoir,

Un très bel écrit, bravo, cela faisait longtemps que je n'avais pas lut quelque chose d'aussi profond. Tu as énormement de talent, encore bravo.

Karim