vendredi 17 avril 2009

Eternal triangle


« -Tu aimes quand je mets ma langue dans ton oreille, comme ça ?

-Oui continue, » soupira la jeune fille aux longs cheveux clairs.


Les gens autour affichaient expressément leurs airs offusqués. Bande d’hypocrites impuissants face à ce spectacle délectable ; populace perverse choquée par la cristallisation de leur plus honteux désir, ne put s’empêcher de penser la jeune fille.


Le plaisir montait lentement, les braises du feu s’éveillant attisés par ces regards courroucés. Le centre de l’univers à cet instant précis sur ce banc sombre décharné, bariolé de graffitis obscènes, ayant vu défiler d’innombrables popotins sur sa propre carcasse, au rythme du va et vient rapide des incessants métros.


Pressez-vous mâles et femelles, rentrez chez vous savourer de nouvelles conneries diffusées par dieu TF1, courez vers vos minuscules bureaux open space d’où vous déciderez qui est pauvre qui est riche, piétinez vos cœurs pour aller rejoindre l’autre, l’officieuse.


« -Prends mon majeur entre tes lèvres… Tu crois que eux, là-bas, vont faire une crise cardiaque si je passe ma main sous ton haut ?»


Un couple d’une cinquantaine d’année qui les observait depuis plusieurs minutes s’approcha. La vieille dame très cocotte lança d’une voix outrée :

« -Vous devriez avoir honte ! Vous avilir ainsi ! »

La jeune fille blonde aux yeux bleus cernés de noir releva lentement la tête vers l’importune.

« -Bonjour Madame capitaliste, vous en voulez aussi ?

-Où sont vos parents ? Ils seraient très choqués par votre attitude, continua la vieille peau.

-Nos parents ? Ils bossent pour payer le chômage de votre fils probablement…, sourit la jeune fille.

-Vous allez au devant de graves ennuis, je peux vous l’assurer ! »


La personne dissimulée dans le dos de la jeune fille blonde, l’entourant de ses bras, se redressa enfin.

« -Nous sommes des bombes dans le RER mais c’est probablement vous, Madame, qui devriez vous faire sauter, dit d’un ton calme et charmeur la jeune fille brune aux cheveux courts, par-dessus l’épaule de son amie.

-C’est… inacceptable…, » articula la vieille.


Le vieil homme accompagnant sa femme botox lui fit un signe typiquement masculin lui enjoignant d’abandonner et de rejoindre les portes du métro qui venait d’arriver.

« -Au revoir madame capitaliste ! lança la blonde en agitant la main.

-Nous baiserons sur votre tombe, promis ! » cria la brune.

Elles se regardèrent un court instant avant d’éclater de rire.


Une forme sombre sortit du wagon et se dirigea vers elles.

« -Enfin, te voilà ! soupira bruyamment la brune.

-Allons dehors, il fait un temps magnifique, » suggéra le nouvel arrivant.


Le trio s’extirpa des tunnels ombrageux pour rejoindre la rue piétonne animée.

« -Tu m’as manqué mon amour, » prononça la blonde en se mettant sur la pointe des pieds pour atteindre les lèvres du garçon.

Ce dernier avait de longs cheveux noirs, le teint très pâle et portait des vêtements androgynes, noirs eux aussi. Il caressa les cheveux de la blonde un instant avant de saisir la main de la brune à côté.

« -T’en veux ?, » demanda la brune au garçon en lui désignant la clope qu’elle venait d’allumer.

Le jeune homme saisit la cigarette, prit deux bouffées avant de la mettre entre les lèvres de la blonde. Celle-ci lui mordilla légèrement les doigts au passage. Il sourit.


Le couple sensuel s’élança dans la rue, fondant la foule, dévisagé par d’innombrables visages inconnus s’écartant devant eux. La brune à gauche, dominant du regard, la blonde soleil souriante au centre et le ténébreux garçon à droite, son bras autour de la blonde, ses phalanges sur l’épaule de la brune.

Ce fut d’ailleurs elle qui arrêta d’un geste leur cortège, en plein milieu de la rue commerçante.


« -J’ai une pulsion, » murmura-elle, jetant un regard complice à ses deux amoureux.

La blonde, se détacha alors du lot pour se placer devant le garçon. Elle saisit son visage et plaqua ses lèvres sur les siennes, ses doigts plongeants dans ses longs cheveux corbeau. Après ce long baiser, le garçon, qui caressait le bras de la brune de bas en haut, se pencha en arrière pour l’embrasser à son tour, lui faisant goûter au passage le goût de salive fruité de la blonde. Cette dernière, se mordillait les lèvres en les observant.


La brune repoussa d’un coup le garçon et attrapa vivement la blonde par la taille. Les deux filles s’enlacèrent, leurs mains descendant lentement vers leurs postérieurs fermes et rebondis. Patient et attendri, le jeune homme les laissa faire. La brune passa sa langue sur les lèvres de la blonde avant d’en forcer l’entrée. Pour corser le jeu, la blonde résista. Lui tirant alors les cheveux en arrière, la brune réussit enfin à faire pénétrer sa langue dans la bouche de son amie.


« Bon mes chéries, on va manger un bout et on rentre chez nous ok?», demanda le garçon sans attendre de réponse. Les deux filles acquiescèrent d’un sourire, chacune d’un des côtés du garçon, lui serrant affectueusement la main.


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